Un sacrement pour les malades
Parmi tous les sacrements, celui des malades joue son rôle propre.
Dans le monde païen où le peuple d’Israël annonçait un Royaume à venir, les guérisons accomplies par Jésus, par ses disciples, puis, dans la force de sa résurrection, par sonEglise, en son nom, ont puissamment contribué à l’évangélisation jusqu’à l’époque où le monde d’alors devint Terre de Chrétienté.
Puis, se sont succédés des évènements considérables remettant en cause la vieille chrétienté : découverte du nouveau monde, renaissance, réformes, avènement de la science, critique de la réalité religieuse, Révolution Française, laïcisation de la société, etc. Nous voici maintenant à l’époque des conquêtes spatiales au sein d’un monde nouveau et, tandis que beaucoup s’interroge, l’Eglise enracinée dans la vieille attente du peuple d’Israël annonce le Royaume à venir et attend l’avènement finale du Christ.
Pour cette tâche nouvelle, l’Esprit invite l’Eglise à redécouvrir le sacrement des malades et la guérison comme un signe du Royaume à venir.
à l'EHPAD d'Esnandes Février 2020
Quand recevoir le sacrement des malades ?
On peut demander le sacrement des malades lorsqu’on est atteint d’une maladie sérieuse. La gravité d’une maladie se définit moins par le danger de mort qu’elle présente que par les bouleversements profonds qu’elle entraine dans la personnalité et la vie du malade. C’est l’importance de ce bouleversement qui doit être appréciée.
De futurs opérés peuvent et aussi désirer le sacrement de l’onction. Non à cause du danger qu’ils encourent mais à cause de la gravité de la maladie qui nécessite l’intervention. Les jours, les semaines qui précèdent et suivent une importante intervention chirurgicale sont souvent difficiles à vivre.
Les personnes âgées sont aussi concernées par ce sacrement surtout quand elles sentent leur force diminuer. La vieillesse en soi n’est pas une maladie : elle s’y apparente lorsque des désordre organiques sérieux commencent à bouleverser en profondeur la relation aux autres et à Dieu. Le sacrement des malades est une aide incontestable pour ceux et celles qui éprouvent des difficultés à affronter la dernière période de leur vie ou qui souffre d’un handicap profond et durable.
Le sacrement des malades peut être reçu dès le début de la maladie dont on sait qu’elle sera longue ou pénible. La même personne peut recevoir ce sacrement plusieurs fois dans sa vie et même durant le maladie, si celle-ci se révèle durable et comporte des phases critiques.
Il ne s’agit pas d’un rite magique.
Célébrer le sacrement des malades, c’est demander à Dieu la guérison. Cela ne nous dispense pas des soins de la médecine humaine, mais notre foi nous dit que là où elle tâtonne, hésite et trouve ses limites, Dieu peut encore agir. Il ne s’agit pas d’un rite magique. Nous n’entendons pas exiger de Dieu quoi que ce soit. Comme Marthe et Marie, nous disons à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade (Jean 11,3) et nous savons que toute prière faite avec confiance est mystérieusement exaucée. Nous touchons ici, comme souvent, à nos limites humaines. Quelle confiance, quelle transparence à l’action de Dieu faudrait-il posséder pour que « le prière de le foi sauve le patient (Jacques 4,15). Devant la maladie – la nôtre celle d’un être cher – nous sentons la pauvreté de notre foi. Nous croyons en Dieu, en sa Puissance, en son Amour dévoilé en Jésus-Christ, peut-être nous manque souvent cet abandon total qui libère la miséricorde de Dieu.
Un autre regard sur la maladie.
Ce qui est sûr, ce que nous constatons souvent, c’est que la rencontre du Seigneur, dans le sacrement, modifie considérablement la manière dont nous envisageons la maladie. Avec Lui et grâce à Lui, nous accomplissons une Pâque, un passage, et notre regard peut changer du tout au tout sur ce que nous vivons.
J’accomplis dans ma chair ce qui manque à la passion du Christ a dit Saint Paul (Col. 1,24). Je sais, dans la foi, qu’aucune souffrance vécue avec le Christ n’est vaine. Je sais dans la fois que je peux participer à la Rédemption du monde, que la communion des saints n’est pas une chimère, que la passion du monde trouve sens dans ma croix. Cette dite mention de la maladie m’est redite dans le sacrement.
La souffrance et la mort n’auront pas les derniers mots.
La célébration d’un sacrement ne s’arrête pas à celui qui le célèbre. Par exemple, le sacrement de mariage n’est pas seulement destiné aux époux, mais il leur demande d’être ensemble révélateur de l’amour de Dieu pour le monde et la permanence inébranlable de cet amour. De même, le sacrement des malades fait de celui qui le reçoit le témoin d’une espérance que lui donne sa foi. La maladie, la mort même, ne sont pas des maux.
Nous vivons dans une société qui s’est donné d’énorme moyen pour lutter contre la maladie et la mort, et cela est bien. Mais, en contrepartie peut-être, la souffrance et la mort sont occultées par beaucoup de nos contemporains qui refusent de les regarder en face. Nous sommes tous marqués par cette mentalité ambiante. Aussi, lorsque la maladie nous atteint ou atteint un être qui nous est cher, nous sommes tentés de révolte et de désespoir.
Le sacrement des malades nous dit que la souffrance et la mort n’auront pas le dernier, que l’humanité est en marche vers cette guérison totale annoncée par les guérisons de Jésus et par les guérisons encore opérées de nos jours. La souffrance t la mort elle-même change de visage quand triomphe en nous l’espérance de la Résurrection finale, en laquelle le salut sera pleinement réalisée.
Tout sacrement est une bonne nouvelle (un « évangile »). Celle qu’annonce le sacrement des malades apparaît d’abord comme paradoxale : la maladie grave, derrière laquelle se profile la mort, peut apporter un surcroît de vie. Un homme, disciple du Seigneur Jésus, l’apôtre Paul a pu s’écrier : « Ô mort où est la victoire ? » (Cor. 15,55). Malgré la pauvreté de notre foi, le sacrement des malades nous permet et nous demande de répéter humblement cette affirmation.